Superficie
248m² (RDC + 1er étage)
Date
Novembre 2023 – Avril 2024
Catégorie
Apprécier le charme de l’ancien, ne pas tout effacer, mais s’approprier l’existant…Imaginer un intérieur à son image sans dénaturer l’âme du lieu, l’adapter à ses besoins, et créer sa propre histoire, en famille… Tel était l’enjeu pour Camille et Hadrien, tombés sous le charme de cette demeure atypique, née dans les années 90 de la fusion de deux maisons de styles et d’époques différentes.
Quand la décoration fait la part belle à l’existant
L’entrée tout d’abord. D’ici nous pouvons mesurer tout le potentiel de cette maison : des tommettes anciennes habillent la majeure partie des sols du rez-de-chaussée, deux escaliers de belle manufacture permettent de part et d’autre d’accéder à l’étage, des corniches soulignent certains plafonds…
Afin de gagner en clarté et mettre en valeur le sol existant, l’ensemble de l’entrée a été peint en blanc. L’accent a alors été mis sur l’escalier : quelque peu désuet en l’état, celui-ci s’est vu gagner en noblesse en se parant d’une part d’un papier peint William Morris, et d’autre part, d’une peinture vert foncé de caractère ; teinte que j’ai également appliquée sur la porte d’entrée, celle du placard et des WC, du radiateur…Comme un air de maison anglaise, entre ville et campagne …
Et pour mettre en lumière ce lieu de passage et souligner la poésie du décor, une attention particulière a été portée à l’éclairage (souhaité épuré) et aux détails tels que les poignées et des interrupteurs en porcelaine…
Oser les motifs…et la couleur
Poursuivons dans la cuisine, située à l’arrière-plan, côté jardin.
Cet espace nécessitait un bon coup de jeunesse pour permettre aux clients de s’y projeter. Ici, seuls le sol et les menuiseries extérieures ont été conservés. Les volumes ont été redessinés, les murs ont été repeints majoritairement en blanc, et l’éclairage a été retravaillé.
Une page blanche s’est offerte à nous ; j’ai alors fait le pari osé du rose poudré comme teinte dominante de cette toute nouvelle cuisine. Cette nuance se mariant à merveille avec le terracotta des tommettes, il en résulte une ambiance résolument contemporaine, douce et chaleureuse : effet bonne mine assuré dès le matin ! Et pour éviter un trop plein de coquetterie, l’acier brossé s’est imposé en finition des électroménagers, de la robinetterie, des poignées de meubles et de portes, et des luminaires.
Souligner l’espace intérieur
Revenons sur nos pas et passons à la salle à manger dite « la bibliothèque ». Zone d’articulation entre l’entrée, la cuisine et le salon, j’ai ici fait le choix de sublimer les boiseries existantes et de souligner l’architecture intérieure du volume par l’emploi de la couleur : Le rose des meubles de cuisine et le vert de l’entrée se retrouvent ici respectivement sur les murs et les corniches (dans des tons plus clairs), et au plafond, le bleu du papier peint de l’escalier a été repris et appliqué en aplat.
Trônant au centre de la pièce, la table à manger conçue avec un ébéniste local affirme une forme de sophistication : du bois massif teinté noir, des lignes courbes et biseautées, un piètement conique…Chapeautée d’une suspension en raphia réalisée également sur mesures en France, la table se trouve par ailleurs habillée d’un ensemble de chaises modernistes, icones du Design des années 50. Enfin, des appliques blanches et des rideaux viennent apporter une pointe de volupté dans ce tableau vivant.
Jouer avec les effets de perspective
S’offrant en de jolies perspectives depuis la bibliothèque, le grand salon nous attend.
Afin de reposer l’œil et l’esprit, la couleur a ici été travaillée par touches, au niveau des corniches, des plinthes et chambranles de portes, des radiateurs, mais aussi des coussins. Pour le reste, en écho au manteau de la cheminée existante, des jeux subtils de blancs, écrus et autres teintes claires ont été privilégiés, mettant ainsi l’accent sur la matière. Les tommettes d’époque ont été réchauffées par un tapis berbère en laine sur lequel repose l’ensemble du mobilier de salon, et sur le mur faisant face à la cheminée, de belles étagères en acajou ont naturellement trouvé leur place pour mettre en scène une collection de Rhums d’exception.
Enfin, véritable valeur ajoutée, de par leur ligne sculpturale et leur lumière chaleureuse, les appliques murales confèrent une ambiance feutrée et beaucoup de personnalité au lieu.
Créer des zones neutres
Avant d’emprunter le deuxième escalier de la maison, faisons un détour par le petit salon.
Un peu isolée, cette pièce se fait discrète mais n’en n’est pas moins raffinée. Souhaitée enveloppante et reposante, j’ai opté ici pour une palette colorée sobre au profit de jeux de matières et de textiles : une moquette moelleuse, les mêmes rideaux bruts que dans le grand salon, un canapé généreux, des coussins en quantité…Voici un endroit propice à la confidence et aux longues parties de jeux de société.
Révéler le charme de l’ancien
Nous arrivons à l’étage, sur le palier des enfants. Ici, après avoir supprimé de lambris existant et réalisé quelques travaux d’isolation, un espace net et aéré s’est redessiné. L’escalier ancien en bois et le parquet vernis étant en très bon état, il y avait peu à faire pour rendre cette zone de circulation chaleureuse : Des jeux de blancs colorés, un jaune épicé au mur, un ancien banc chiné auprès d’une brocanteuse locale et des appliques lumineuses contemporaines ont suffi.
A chacun sa chambre, son univers
L’étage, haut lieu de rêveries, est un enchainement de petites histoires décoratives.
Ici, toutes les chambres n’auront pas nécessité la même attention. Commençons par la chambre de Paula (l’ainée de la fratrie), accessible par l’escalier du fond. Cette bulle empreint de douceur et de romantisme, semble avoir été suspendue dans le temps. Un papier peint anglais parsemé de petites fleurs printanières donne le ton. Associé au parquet d’origine, je l’ai agrémenté d’un plafond rose poudré, puis de rideaux nudes vaporeux, et de pièces de mobilier ancien et accessoires contemporains ; le cadre est posé et assume avec beaucoup de charme une certaine forme de candeur…
Revenons sur nos pas et accédons maintenant à la chambre de Victoire, la petite dernière.
À l’image de la fillette, la chambre se devait d’être solaire : de jolies marguerites très 70’s et un adorable vichy jaune définissent le parti pris esthétique. Du parquet sol (conservé ici aussi en l’état), une armoire ancienne chinée, des rideaux courts comme il s’en faisait autrefois, des poignées en porcelaine et en bois, et toute une panoplie de jouets vintage…Il n’en fallait pas plus pour donner à cette pièce une ambiance joyeuse et nourrir l’imaginaire de cette enfant.
En enfilade de la chambre de Victoire, nous traversons une pièce pensée dans des tonalités bleues et terracotta servant à la fois de salle de jeux et de dortoir pour les soirées pyjamas…Puis nous arrivons sur le palier du premier escalier… d’où nous prenons plaisir à retrouver l’ambiance très « british » du début : à gauche se situe la chambre du petit Hugues, le cadet de la famille, et à droite, l’espace parental.
Une petite chambre bien pensée
La chambre du garçonnet est la plus petite, et c’est pourtant celle qui, avec la chambre parentale, m’aura demandé le plus de réflexion.
J’ai ici fait le choix de traiter cette pièce de 11m2 à la manière d’une petite boîte blanche, en revêtant la presque totalité de ses surfaces (parquet bois compris) d’un blanc « île de Ré ». Seul le mur du fond se démarque par la couleur et apporte de la profondeur. Comme une imbrication d’un cube dans autre cube, l’agencement conçu sur mesure s’articule avec sobriété et ingéniosité : des obliques et des droites franches, des proportions justes et fonctionnelles, et une modernité assumée dans le choix du contreplaqué bouleau. Cette petite chambre a tout d’une grande !
Un refuge parental aux accents solaires
Finissons par la chambre parentale, envisagée comme une véritable invitation au voyage et à la douceur de vivre. Ici, je suis partie du paysage extérieur pour penser la décoration intérieure : le bleu du balcon assure une continuité entre le dedans et le dehors, et se retrouve notamment en aplat au plafond ; les palmiers du jardin avoisinant trouvent quant à eux une forme d’écho dans l’exotisme du mur situé en tête de lit. Dès le pas de porte, l’œil se laisse charmer par le motif en damier du papier peint (feuilles papier de riz imprimées artisanalement au tampon) de l’alcôve, vibrante de personnalité.
A l’instar de la chambre du petit Hugues, j’ai fait le choix de peindre d’un blanc crayeux le parquet bois existant, ici moins qualitatif qu’ailleurs. Puis je me suis employée à jouer des contrastes colorés qu’offre la palette chromatique des bleus et des bruns, à multiplier les textiles et les effet des matières, à mélanger les motifs. Et par soucis de raffinement j’ai travaillé par touches le laiton, la porcelaine, etc… Des éclairages disposés aux murs, et des voiles de cotons aux fenêtres terminent le travaillent et confèrent beaucoup d’intimité.
Prendre du plaisir dans le processus créatif
J’ai pris tout au long de ce projet un plaisir immense à créer et à imaginer. Telle une raconteuse d’histoires d’intérieurs à vivre, je me suis nourrie des personnalités attachantes de cette jolie famille pour mettre en scène leur quotidien.
Le Design d’intérieur et la décoration nécessitent parfois de ne pas avoir peur de la couleur ni des motifs, afin de les employer avec justesse, pour développer ses propres des codes décoratifs, sa singularité.
Crédits photos : Germain Herriau